À peine les premières lueurs
déchirent les dernières ombres du
matin
J'entends les sirènes
les mêmes sirènes que cette nuit
criardes, fuyantes, terrifiantes
je me lève difficilement
devant ce monde que je ne reconnais
jamais
la fenêtre de mon appartement
protège, cage de verre limpide
la question est de savoir pour qui
je ne suis pas différent des autres
enfin de mes croyances,
personnelles
je m'en contente
et je ne vais pas aussi vite qu'eux
déambulant, brinquebalant, je ne vais
pas aussi vite qu'eux
des gens qui s’époumonent à s'en
convaincre
une jungle urbaine sans héraut et
moult lois
il n'est pas aisé d'être cet oxygène,
cet hydrogène
de respirer avant d'expirer
je gravis la montagne jusqu'à mon
bureau
que j''efface chaque soir, asphyxié
le temps d'oublier pourquoi on avance
avant de savoir marcher
je souris, il est de bon ton
à des gens dont je ne retiens que des
codes
usages et identifications
dans de vastes couloirs n'ayant
d'égales
que l'étroitesse de leur magnificence
et l'ampleur de leur tristesse
l'ébène ne luit pas dans le néant
et je m'en aperçois
dehors les mêmes sirènes hurlantes
les rouleaux urbains
qui amènent et renvoient leurs flots
d'humains
et leurs bouches d'égouts
des bruits et des odeurs
les mots sont des maux si on n'apprend
pas à les écouter
vains et sots sont les vassaux de cette
Déshumanité
du moins je m'en surprend
je me pose tranquillement, en pause
réapprend à respirer, comme un enfant
ses premiers pas
un sourire se peint, malhabile, sur ces
traits qui sont les miens
comme un enfant ses premières
esquisses
un doute me chahute quand des rires
surpassent les ires
je ne suis pas seul, non pas seul
à penser que nous sommes nés pour
soupirer, espérer, aspirer
à aimer
à aimer
je ne suis pas le seul, je ne marche
pas dans des rues désertes
d'autres se murent en dehors pour tant
de big bang en dedans
les fissures ne sont pas toujours
désagréables
la lumière passe
et l'au-delà nous est permis
passe-muraille sans inconvenance
être est un no man's land
dans ces territoires où le temps n'a
plus de prise
mais quand il se récupère
tout s'enfuit déjà
on retourne dans son antre, porte close
les grains s'écoulent, grinçants,
secs, inertes
et je retrouve la fenêtre de verre
de mon bureau
de mon appartement
et ne pense qu'à ce no man's land
si connu à l'âge des premiers
printemps
s’avilissant, se salissant aux
suivants
et ne prête qu'à rêver
je ne suis vendeur d'aucune réalité
que je ne connais pas, je suis ailleurs
ou du moins je m'en soucis
soucieux des premières tombées du
jour
je reprends mon corps,
arraché à cette chaise
à cet écran
les sirènes repartent de plus belles
ou alors je n'y prêtaient guère
attention
mon intention était ailleurs
vers ce no man's land
et me voilà dans ce qui paraît être
mon quotidien
le soleil en retraite, une journée
rentabilisée perpétuellement
comment fait-il ?
Pourquoi m'entends-je rajouter
les nocturnes remplacent les diurnes
dehors
sur le même chemin, sur les mêmes
schémas
je ne suis pas théoricien, mais me
déçois de cela
enfin je suppose
j'entends toujours les sirènes
et m'échoue dans mon épave
synthétique
enfin je suis
et je ne suis pas si différent des
autres
non pas si différent.
1 commentaire:
Excellent retour avec ce texte Sam !
Tes mots me font du bien. ils m'immergent, m'amènent dans un autre monde.
Quelque chose de fort se degage de ce "Je".
J'aime vraiment beaucoup.
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